Réflexions sur le Rituel

Jung disait : « Les plus belles vérités du monde ne servent de rien tant que leur teneur n’est pas devenue pour chacun une expérience intérieure originale. »

A ce propos, il me paraît bon de revenir une fois de plus sur cet acte d’une importance majeure que constitue l’exécution d’un Rituel, exécution dans le sens de faire et non pas d’achever, vous l’aurez tous et toutes bien compris…

Car un Rituel, comme on l’a souvent dit et répété — et peut-être vais-je enfoncer des portes largement ouvertes — est une chose grave et capitale. Une telle cérémonie requiert de tous les participants, une présence consciente et une participation spirituelle absolue à la cérémonie qui se déroule.

En ce qui concerne les Officiers, par une intériorisation de leurs fonctions respectives, mais sans oublier bien sûr, que tous les présents participent au Rituel : de l’Apprenti récemment initié au Vénérable Maître, sans oublier les dignitaires installés à l’Orient. TOUS !

Car TOUS nous sommes responsables de la bonne marche de la cérémonie et, par conséquent, TOUS nous en sommes comptables envers le Grand Architecte. Mais ne nous y trompons pas, ce Grand Architecte que nous invoquons au cours du Rituel, cette énergie que nous attirons, ce n’est rien moins que la Grande Conscience cosmique !

Dieu, Energie cosmique, Grande Conscience universelle, appelez-le comme vous voudrez, peu importe ; le nom ne change rien à l’importance de la chose. Et cette chose puissante et magnifique, cette énergie que nous avons appelée, non seulement mérite toute notre attention et tout notre respect, mais surtout exige d’être redistribuée, d’être utilisée POUR LE SERVICE , ce service dont nous sommes redevables en qualité d’initiés.

C’est pourquoi lorsque nous participons au Rituel, il serait absolument erroné de croire que nous accomplissons là simplement un rite sans grande signification et surtout sans grand effet, tout bonnement parce que c’est l’usage, parce que cela se fait en Franc-Maçonnerie. NON !

Car comme le dit un Rituel d’Initiation : « Toute cérémonie maçonnique se double, en des plans plus subtils, de réalisations immédiates et durables. »

Et je suis persuadé que nous sommes donc TOUS responsables de la bonne marche du Rituel, et nous ne pourrons être réellement efficaces que dans la mesure où nous serons capables de créer un état de silence en nous, un état de disponibilité destiné premièrement à recevoir et accueillir la force cosmique que nous attirons ainsi, et ensuite à atteindre par le canal ainsi créé, LE RÉEL , c’est-à-dire LA LUMIÈRE COSMIQUE.

Ne l’oublions jamais : LE RITUEL EST UNE MÉDITATION ACTIVE. Active, parce que son action est considérablement augmentée, en premier lieu par le phénomène des invocations.

Ce ne sont pas là paroles en l’air, sans importance que le Vénérable Maître récite seulement parce que l’usage et la tradition le veulent ainsi, non.

De même que celui ou celle qui les prononce n’a pas le droit d’en ignorer la portée et la signification, de même ceux qui les écoutent doivent être en symbiose parfaite avec l’officiant.

Ensuite l’action du Rituel est décuplée par le support des symboles et de certaines géométries que vous connaissez bien, d’où leur importance qu’il ne faut jamais négliger, même s’ils ne nous « disent rien », ou qu’ils « ne sont pas si importants que cela », comme je l’ai déjà entendu dire…

Je pense donc que pour que notre action soit correcte, il nous faut passer par certaines voies identiques à celles de la Méditation, je nommerai LE SILENCE, L’ABNÉGATION, LA DÉVOTION ET L’AMOUR entre autres.

Ce que nous cherchons à attirer dans le Temple pendant le Rituel, c’est, je le répète, la Conscience cosmique elle-même, ne l’oublions jamais !

Notre devoir le plus élémentaire à nous Francs-Maçons, qui nous voulons spiritualistes, c’est d’aller à contre-courant du rationalisme crispé de la Société, profane ou non, d’aujourd’hui.

Car cette dernière dans son acharnement à se dégager des contraintes d’une morale qui a, il faut bien l’admettre, perdu la plus grande partie de son impact sous l’effet d’une stratification particulièrement discordante, notre Société, donc, s’est ainsi peu à peu coupée de ses racines et a, de cette façon, rompu la plupart de ses contacts avec la source vive d’une culture et d’une tradition où elle puisait pourtant le meilleur d’elle-même…

« C’est ainsi que meurent les Civilisations, c’est ainsi que, pour avoir confondu cordon ombilical et cordon d’argent, le monde moderne s’est profondément engagé dans un processus d’autodestruction. »

Cette dernière phrase était de notre Très Illustre Frère Raymond B:., qui nous a précédé à ce Plateau d’Orateur.

Alors, plus s’étend la désacralisation, plus se creuse ainsi l’écart entre l’humanité et ses sources vives, et plus s’accroît notre responsabilité à nous qui n’avons pas le droit (sinon que ferions-nous en Franc-Maçonnerie ?), d’ignorer la divinité qui est EN nous, et qui en fait EST nous.

Aussi, tout en vivant dans le relatif, devons-nous absolument nous conformer à l’absolu.

Ainsi donc, quels que soient nos immenses soucis personnels, nos petites susceptibilités, en bref, nos métaux selon la terminologie maçonnique, quelques lancinants et légitimes qu’ils puissent nous paraître, laissons-les dehors, leur place n’est pas dans le Temple.

Quel que soit le travail prévu à l’ordre du jour, quelle que soit la nature de ce travail et des discussions et analyses qui en découlent, nous ne sommes réunis que pour invoquer, appeler, et redistribuer l’énergie qui nous est dispensée.

René Guénon disait : « Au point de vue de la Tradition, l’être est complètement ce qu’il transmet, il n’existe que par ce qu’il transmet et dans la mesure où il transmet. »

Cette énergie, comme je l’ai dit plus haut, c’est la Conscience universelle, c’est LE GRAND ARCHITECTE DE L’UNIVERS lui-même que nous accueillons.

Alors, ne fût-ce que pour quelques heures, réservons-lui une place parmi nous et SOYONS, tout simplement.

Le F:. Wilfred