Janvier est le mois de Janus, dieu bi-face qui regarde en même temps l’avenir et le passé ; il est le dieu des portes et des passages. Janvier, premier mois de l’année est souvent l’occasion de prendre du recul et de dresser un bilan.
Au cours de l’histoire, peu d’êtres humains ont eu l’opportunité d’écrire une date où les 4 chiffres de l’année changent, c’est notre cas. Alors de façon peut-être plus marquée cette fois-ci, bien des questions me viennent sur le caractère éphémère, voire illusoire du temps qui passe…
Ephémère, comme une bulle de savon… Aux yeux du cosmos, à l’échelle de l’éternité, nous ne sommes qu’un peu de brume, “ rien qu’un souffle, rien qu’une ombre… ”(Psaumes), une bulle qui vient puis s’en va.
Et la première de ces questions, la plus importante pour moi, concerne le cheminement entamé depuis bientôt dix ans sur la Voie initiatique.
Qu’est-ce que mon Initiation a changé dans ma vie ?
Nous savons tous, pour l’avoir vécu et pour continuer à le vivre, qu’il ne suffit pas d’une cérémonie pour devenir Maçon et que cette transmutation demande un long travail de décantation, de maturation. Ce qui est immédiatement observable en revanche, c’est la capacité de poser un regard neuf sur le monde qui nous entoure. Un regard nouveau parce que venu de l’intérieur, des profondeurs de notre Etre, un regard qui sanctifie tout ce sur quoi il se porte.
Dans un ouvrage intitulé Du bon usage de la vie, Bernard Besret écrit :
“…Tout est donc, pour celui qui y est attentif, une manifestation de la réalité ultime. Tout est épiphanie. Tout peut devenir sacré. Cela dépend du regard que nous jetons sur lui. Si notre regard s’arrête au niveau phénoménal, alors l’être ou la chose qu’il perçoit est strictement profane. S’il le pénètre au point de faire éclore l’intelligence du dedans, alors l’être ou la chose qu’il perçoit devient authentiquement sacré. “Le pouvoir d’une chose ou d’un acte est dans sa signification, et dans la compréhension que nous en avons.”
(…)
En soi tout est profane et peut utilement se prêter à nos analyses pour devenir l’objet de nos connaissances. Mais par notre attention, par la qualité de conscience avec laquelle nous nous rendons présents à lui, tout peut devenir sacré et être l’occasion d’une épiphanie qui nous introduits à l’intelligence du réel ultime. Ces deux approches ne sont nullement exclusives l’une de l’autre. Elles s’appellent l’une l’autre. Elles devraient être les deux de notre respiration. …”
Notre regard peut ainsi changer bien des choses, de même que notre attitude comme l’illustre le propos du sage Hujwîrî lorsqu’il dit : “ Lorsqu’un anachorète entre dans une taverne, la taverne devient sa cellule, et quand un habitué des tavernes entre dans une cellule, celle-ci devient sa taverne. ”
La fraîcheur du regard porté et un effort de lucidité (cette sœur de la Lumière) sur soi et le monde qui nous entoure sont déjà quelques-uns des cadeaux inestimables de l’Initiation.
Puissent donc l’année nouvelle, et celles qui suivront, être toujours empreintes de Paix, de Joie et d’Amour.
Fraternellement à toutes et à tous.
La S:. Marlyse