La franc-maçonnerie en Pays de Vaud

L'Encyclopédie illustrée du Pays de Vaud a consacré, dans le volume "Les Institutions ou Le Pouvoir chez les Vaudois", une page à la franc-maçonnerie. Nous en reproduisons ici l'essentiel :

Publié avec l'aimable autorisation de l'Encyclopédie Vaudoise,
que nous remercions chaleureusement.

Une loge est la réunion permanente de "frères" (au moins sept) sous un titre distinctif.
Le principe de la tradition veut que la fondation d'une loge ne ne puisse être faite que par des frères provenant d'autres loges. On nomme "temple" le lieu où une loge pratique son rituel et "vénérable" celui qui la préside. 
(Légende de la photo qui illustre l'article)

Les francs-maçons

En 1739, vingt-deux ans après l'union de quatre "Loges" de Londres dans la Grande Loge d'Angleterre, des gentilshommes britanniques fondèrent à Lausanne la première loge sur territoire vaudois. D'autres groupements naquirent à la même époque, réunissant des frères" du pays, qui constituent, avec des Genevois, un "Grand Orient national pour la Suisse romande". Malgré l'opposition de Leurs Excellences, la franc-maçonnerie prospéra, et ses adeptes vaudois, tels Frédéric-César de Laharpe, Maurice Glayre ou Marc-Antoine Miéville, jouèrent un rôle historique lors de la création du Canton. Les loges se défendent pourtant de faire de la politique, déclarant "rassembler des hommes libres" ; mais tout au long du 19e siècle, des magistrats vaudois parmi les plus éminents - tel Louis Ruchonnet - sont francs-maçons.
En 1822, les loges vaudoises adhèrent à l'alliance fédérale qui, en 1844, aboutit à la formation de la Grande Loge suisse Alpina, dont font notamment partie, aujourd'hui encore, les loges lausannoises "Espérance et Cordialité" (fondéeen 1822) et "Liberté" (1871). Dans les petites villes vaudoises, l'origine des loges actuelles est ancienne : à Nyon, "La Vraie Union" date de 1787 ; à Aubonne, "La Constance" est de 1798 ; "La Chrétienne des Alpes" fut fondée à Aigle en 1820, "Constance et Avenir", de Vevey, en 1882, et "Les Amis Discrets", de Montreux, en 1898. Des loges plus récentes sont "Le Progrès" à Lausanne (1913) et "Lux in tenebris" à Morges (1965).
On distingue en Suisse, comme dans tout le continent, l'influence anglo-saxonne (croyance en un Dieu personnel et refus de considérer comme un frère celui qui n'adhère pas à ce principe) et l'influence latine. Cette dernière détermina quelques frères à quitter leur loge pour fonder en 1955, à Lausanne, sous les auspices du Grand Orient de France, la loge "Lumière et Travail". Après elle naissent, à Lausanne encore, la loge "Evolution" (1956) et la loge "Anderson" (1959). Ces deux "ateliers" créent en 1959, avec une loge zurichoise, le Grand Orient de Suisse qui, en 1967, par alliance avec de nouvelles loges genevoises, fonde la Grande Loge de Suisse(*). Les francs-macons vaudois appartiennent donc soit aux formations "orthodoxes", liées à l'Angleterre, soit aux loges "libérales" de type latin.
L'activité interne des loges consiste en conférences et en débats, et dans l'exercice d'un rituel. Leurs interventions sociales ont été nombreuses et des francs-maçons ont contribué à la fondation de la Pouponnière ou des cuisines scolaires de Lausanne, des crèches de Montreux ou de Nyon, de l'infirmerie de Lavaux, de l'Asile de vieillards de Burier, et de maintes autres institutions.
En 1937, quand les fascistes menaçaient l'Europe, un de leurs séides vaudois, Arthur Fonjallaz, lança une initiative pour l'interdiction de la franc-maçonnerie ; elle fut rejetée par 515 000 non contre 235 000 oui. Les loges perdirent de nombreux adeptes à cette époque ; au contraire, elles se sont rajeunies et renforcées dans les années 70.
L'origine sociale des francs-maçons peut être évoquée par l'exemple d'une loge vaudoise d'une cinquantaine de membres : parmi eux, neuf personnes de formation universitaire, un sculpteur et un céramiste, des hommes de métier détenteurs de leur maîtrise professionnelle, quelques commerçants, quelques fonctionnaires, quelques cadres moyens. Leurs opinions politiques ne jouent aucun rôle : la tradition maçonnique les réunit dans un ensemble symbolique où se pratique, en commun, "le libre examen" et "le respect d'autrui".

(Encyclopédie illustrée du pays de Vaud, Lausanne, 1974, vol. 5, p. 134)

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(*) Lors de son Convent 1995, la "Grande Loge de Suisse" a changé son nom en "Grand Orient de Suisse", qui correspond mieux à son fonctionnement. En effet, les Loges d'une Grande Loge pratiquent, en règle générale, un seul et même rite, alors qu'un Grand Orient en pratique plusieurs. (note du webmaster) RETOUR AU TEXTE


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